LES RUES DE MOYVILLERS
Jusque vers 1200, beaucoup de rues des villes n’avaient pas de nom. On les désignait par leur proximité : rue près de ou vis-à-vis de …, rue conduisant à … Ensuite, on tira souvent le nom des enseignes qu’on y remarquait, des activités qui s’y exerçaient, des édifices qui s’y trouvaient. A la campagne, les noms seront tirés du règne végétal ou de la qualité de la terre comme nous pourrons le constater en ce qui concerne les rues de Moyvillers.
Toutes les photos en noir et blanc que vous trouverez sur cette page ont été prises entre 1900 et 1925. Les photos en couleur ont été réalisé en 2021.
Le bocquet désigne un bouquet d’arbres. L’orthographe a beaucoup varié dans le temps et parfois même dans un texte unique !. On peut ainsi relever rue du Bocquet (en 1814, 1896, 1937, 1959, 1984) , des Bosquets (en 1917), du Bosquet (en 1851, 1892, 1933, 1958), des Boquets (en 1949).
Sur un plan de 1788, la rue du Pavé ou de la Chaussée commençait à l’angle de la rue Neuve ; la section de la rue comprise entre le marronnier et l’actuelle rue des Sablons formait alors la rue des Sablons ou de la Flaque (il s’agit peut-être d’une allusion à la mare qui s’y trouvait). Après avoir fait partie de la rue du Tour de l’Eglise, cette portion sera rattachée à la rue de la Chaussée en 1973.
La dénomination de la rue rappelle le souvenir de la voie antique Senlis, Saint Martin Longueau, Moyvillers à Roiglise (Somme) qui traversait le village. En 1985, il a été découvert, au chevet de l’église, des fragments de céramiques et d’enduits peints qui semblent indiquer la présence d’un lieu cultuel antique.
En 1788, la partie située entre la rue Neuve et la rue de Lamorlaye constitue la rue « vis-à-vis le jardin du maréchal » en référence à la propriété du maréchal ferrant Comelin dont la propriété bordait la rue. En 1832, il s’agit de la rue du Tour de l’Eglise et en 1843 on relève le nom de rue Frinequal ( ?). En 1973, la partie de la rue de l’Eglise comprise entre la rue de Lamorlaye et la rue Neuve est rattachée à cette dernière, l’autre partie forme la rue de la Mairie. A la suite du transfert de la mairie dans la propriété « la Châtaigneraie », il a été décidé que cette portion de la rue Neuve et la rue de la Mairie deviendraient la rue de l’Eglise.
Il existe déjà une ruelle Pierre Fichu sur le plan cadastral de 1814. C’était un simple chemin bordé de pommiers qui sera élargi une première fois en 1883.
On trouve trace de la famille Fichu dans les registres paroissiaux dès le 17éme siècle. Pierre Fichu est scrutateur lors de l’élection du premier maire de Moyvillers en 1790 ; il sera élu notable et le restera jusqu’en décembre 1792 (cette fonction correspond approximativement à celle des actuels conseillers municipaux). Il est alors cité comme cultivateur et ancien postillon de la poste du Bois de Lihus. Jusqu’ en 1793, il occupera aussi les fonctions de marguillier de la paroisse (il s’agit d’un laîc chargé de gérer les biens matériels de l’église). Après 1793, il n’est plus fait allusion à cette famille dans les documents municipaux.
Il s’agit du chemin puis de la rue Madelon du nom d’une famille qui y résidait. Après le grave incendie de 1804 qui avait détruit onze maisons face à l’église, il avait été décidé de procéder à un contrôle annuel des cheminées : la maison Madelon figure sur la liste de 1810. A partir de 1947, elle prendra par altération le nom de rue de la Madelon avant d’adopter celui, de rue de la Forêt en 1959.
La hayette désigne un lieu bordé ou entouré d’une haie. Jusqu’ en 1973, il s’agissait de la ruelle puis de la rue Gession, patronyme d’une famille dont on trouve la trace à Moyvillers au 18éme et au début du 19éme siècle parfois orthographié Gessiomme ou Gessiond.
Au 18éme siècle, il s’agit du chemin « menant à Fresnoye ». En 1887, elle est décrite comme un sentier d’un métre de large dit de la Morlaye. Sa dénomination n’a aucun rapport avec la ville de Lamorlaye mais viendrait d’un mot du vieux picard désignant une terre lourde, grasse et doit s’écrire en deux mots. L’ orthographe actuelle est due à une confusion survenue au fil des ans.
Cette altération du chemin du Pré Millet désigne la voie d’accès au lieu-dit « le Pré Millet », pièce de terre qui a peut-être eu jadis un propriétaire portant ce nom ou qui était affectée à la culture de cette céréale.
•Le terme « neuve » semble avoir été utilisé pour désigner, dans l’attente de lui affecter éventuellement un autre nom, une voie nouvellement créée ou une voie existante ayant subi une importante rénovation. Cette seconde hypothèse s’applique à Moyvillers puisque l’on trouve déjà sur le plan de 1788, au même emplacement la rue du Bois. La rue Neuve apparait dans une délibération du conseil municipal de 1851.
Cette désignation est assez courante : on dénombre une quarantaine de rue Neuve dans le département de l’Oise dont une à Bailleul Le Soc, à Choisy La Victoire, à Cressonsacq, à Montmartin, à La Neuville Roy.
Cette rue menant vers le lieu-dit « les Sablons » tire sa dénomination de la nature du terrain. Une délibération du conseil municipal de 1847 précise que pour se rendre de l’église de Moyvillers à celle d’ Estrées-Saint-Denis on doit emprunter un chemin sablonneux. Il existait d’ailleurs une sablière communale qui sera fermée en 1855.
Sur le cadastre de 1814, la rue des Sablons figure telle que nous la connaissons. Au 18éme siècle, la partie comprise entre l’ actuelle rue de Lamorlaye et la rue de la Chaussée constituait « la grande rue de l’Eglise », son prolongement ne portait pas de nom et était désigné comme « la rue venant d’Estrées-Saint-Denis ». La rue des Sablons n’ était pas située au même endroit (voir ci-dessus : la rue de la Chaussée).
En 1882 est ouverte la ligne de chemin de fer Estrées-Verberie avec la création de la halte Arsy-Moyvillers. Venant d’ Arsy, il est alors peu aisé de rejoindre Moyvillers : les seuls accès au village sont la ruelle Pierre Fichu ou le chemin des Rayons Braqués puis une petite sente peu praticable débouchant vers le parvis de l’ église. Divers projets sont établis à partir de 1883 pour créer une voie plus directe et désenclaver le village. Après une longue procédure d’expropriation, le chemin d’Arsy est achevé en 1891. En 1973, la municipalité décidera de l’appeler la rue du Pré Saint Martin. Il faut noter que dans le découpage territorial établi en 1791, il existait une section dite du Pré Saint Martin qui allait de la rue Neuve au bois d’Arsy en comprenant tout le secteur du Bocquet. Le Pré Saint Martin se réfère peut-être à une ancienne possession de l’église Saint Martin de Moyvillers.
Créée en 2005 pour desservir les maisons nouvellement construites au lieu-dit « les vingt mines », cette rue suit en partie le tracé de l’ancien chemin des Rayons Braqués.
Paléontologue de réputation internationale, Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955) fut brancardier et aumônier au front pendant la Première Guerre Mondiale (2). Il sera hébergé quelque temps au presbytère de Moyvillers. Le 12 septembre 1918, il écrit : »…j’ai élu domicile dans une petite chambre du presbytère… c’est curieux comme je suis sensible au charme un peu triste de cette campagne, presque picarde, semée de boqueteaux et de mares où se mire un ciel traversé d’averses… ».
Elle sera pendant longtemps le « chemin menant au Bois de Lihus » puis deviendra la rue d’Enfer (elle est ainsi désignée en 1853). Par décision du 25 février 1930, la municipalité décide de l’appeler rue Thélu-Boullenger à titre de reconnaissance à l’égard d’une bienfaitrice du village.
Adolphine-Olympe Thélu-Boullenger (1848-1928) a fait preuve d’une incessante générosité envers la commune. En 1922, elle offre l’horloge de l’ église. Dans son testament, elle dote Moyvillers d’une somme de 5000 francs dont le revenu annuel devra être affecté à secourir les indigents de la commune. L’ importance de la somme léguée (le salaire annuel du garde champêtre était de 700 francs) permettra de respecter sa volonté jusqu’ en 1958
Jusqu’en 1993, les limites du territoire de Moyvillers étaient différentes : le côté gauche de la voie prolongeant la rue de la Chaussée jusqu’à la rue Théophile Havy d’Estrées-Saint-Denis faisait partie de Moyvillers. Après avoir porté le nom de rue du Moulin ou du Moulin des Hayes par référence à l’un des moulins à vent de Moyvillers qui se traouvait à proximité, cette voie sera la rue de la Fontaine (une source y existe toujours). Après son rattachement en totalité à la commune d’Estrées-Saint-Denis, celle-ci l’appelera rue de l’ Abbaye.
Comme nous pouvons le constater, les noms des rues du village ont leurs sources dans son histoire ou dans l’environnement naturel si cher à nos ancêtres.